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Dyspraxique, dysgraphique... ou Marc, tout simplement ?


Marc est un jeune collégien de 12 ans. Il a été diagnostiqué dyspraxique. « En fait, ce que j’ai compris de la dyspraxie, explique sa maman, c’est que le mécanisme qui permet à Marc d’enregistrer certains apprentissages est comme rayé : il va réussir à apprendre quelque chose mais ça ne va pas s’enregistrer, ça va s’effacer et donc, on est dans un éternel recommencement. Pas pour tout, mais pour certaines activités bien particulières souvent liées à tout ce qui est manuel. Tout ce qu’on nous avait proposé jusqu’à l’heure d’aujourd’hui n’avait pas forcément fonctionné. Tous les professionnels de santé rencontrés nous disaient : « Marc n’écrira jamais bien ni de manière lisible » et nous recommandaient l’ergothérapie pour qu’il se mette à l’ordinateur. Nous avons donc fait des séances avec l’ergothérapeute en 2014 sur toute l’année scolaire, qui n’avaient pas donné grand-chose. »



Tenue de crayon initiale


Ecriture initiale


En début de rééducation, Marc a suivi une progression tout à fait classique. Son écriture s’est rapidement notablement transformée puis il a atteint un palier et le mécanisme décrit par sa maman est apparu. En faisant très consciencieusement les exercices quotidiens que je lui ai alors proposés, Marc a pu sortir de ce cercle vicieux consistant à réapprendre sans cesse le mouvement. Il a progressé de nouveau et est devenu de moins en moins maladroit, aussi bien dans son écriture que dans la vie quotidienne. « Depuis la rééducation il y a une vraie aisance : il passe son temps à dessiner et il ne dit pas qu’il a mal à la main. J’ai aussi été frappée par l’évolution sur le plan de la maladresse. Marc renversait toujours son verre d’eau. Sa cuillère et sa fourchette lui échappaient des mains, ça partait dans tous les sens. Il ne le fait plus du tout depuis quelques mois. » Il a même, pour le plus grand bonheur de sa maman, écrit une poésie de façon spontanée.


Le travail n'est pas fini, mais il y a déjà de nets progrès

La maman de Marc a également été heureuse pour la première fois depuis longtemps en recevant le bulletin de son fils. « Le bulletin d’école est beaucoup plus positif au niveau du comportement, les professeurs sont unanimes : ils ont constaté qu’il avait fait des efforts et le félicitent pour cela. J’étais extrêmement contente de voir, au lieu des habituels « Marc n’a pas voulu travailler », uniquement des choses positives. Chaque année c’était : « Marc n’a pas travaillé, Marc se met sous les tables, Marc ne tient pas en place. » Je me recevais une page entière d’éléments négatifs. On ne se rend pas compte de l’impact : tout le monde pointe du doigt ce qui ne va pas et ça se multiplie. Moi j’étais très contente quand j’ai vu ce bulletin. »

Sa maman redoutait l’avenir pour son fils car elle est consciente de la nécessité d’écrire dans la vie quotidienne. Elle est maintenant soulagée et rassurée. "Je suis ravie, vous n’imaginez même pas à quel point ça me fait plaisir. C’est plus que ce qu’on espérait. C’est un miracle."

Au début de la rééducation, Marc ne s’attendait pas à voir d’amélioration : « je ne m’attendais pas à ce que ça marche. A chaque fois qu’on me proposait quelque chose, ça ne marchait pas… ». Aujourd’hui Marc n’a plus mal au poignet, son écriture est plus fluide et il a gagné confiance en lui. « J’ai du mal à imaginer que c’est mon écriture » dit-il en regardant son « ancienne » écriture. Une particularité de la rééducation de Marc est que, en raison du confinement, les 2/3 ont eu lieu a eu lieu à distance, via Skye. Ce moyen de communication a plu à Marc qui se sentait à l’aise dans le confort de sa chambre. Face à la détermination de Marc, aucun obstacle n’a tenu !

Le diagnostic de dyspraxie (auquel il aurait été possible d’ajouter celui de dysgraphie) aurait pu l’enfermer dans un schéma impossible à dépasser. Malgré les étiquettes, chacun est unique. Si elles peuvent être utiles pour identifier de quoi l’on souffre, il faut garder à l’esprit qu’il n’y a pas deux étiquettes semblables, même si elles portent le même nom, et qu’il est même parfois possible de les décoller un peu, voire complètement. Parfois, il est possible de réaliser ce à quoi l’on tient profondément, quelle que soit l’étiquette que l’on porte. Parfois cela est plus compliqué et il sera toujours temps d’envisager d’autres solutions. Mais cela vaut la peine d’essayer. C’est le principe même de mon métier : ce n’est pas une solution miracle, mais cela vaut la peine d’essayer. Même si, pour une raison ou pour une autre, la rééducation ne va pas jusqu’au bout, l’élève aura forcément appris quelque chose. A titre personnel, je n’ai pas vu un élève ne pas rectifier sa tenue de crayon. Marc est l’exemple même que, dyspraxique ou non, la plupart du temps, c’est l’engagement qui fait la différence !



Tenue de crayon après rééducation



Ecriture après rééducation

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